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Samedi 14 mai 2016 => EUROVISION 2016 : Le Débrieff de la FINALE : Le message politique terrasse une victoire attendue

Programme de l'émission : Résumé et Analyse de la finale de l'EUROVISION 2016 du samedi 14 mai 2016 + Vidéos des performances , Justin Timberlake invité, l'UKRAINE VAINQUEUR, classement, vidéo intégrale

Le Concours de l’Eurovision 2016 s’est achevé samedi soir au terme d’un suspense haletant, conséquence d’un nouveau mode de divulgation des votes finaux distinguant les votes des jurys internationaux ( conservation du système de 1 à 12 points ) de celui du télévoting ( attribution de points du pays ayant obtenu le moins d’appels à celui en ayant obtenu le plus ). Je pense qu’il serait difficile de ne pas adhérer à ce nouveau système tant il aura fallu la dernière minute pour savoir qui de la Russie ou de l’Ukraine remporterait le trophée triomphal.


La soirée s’ouvrit de façon très novatrice, façon défilé de mode d’un grand couturier parisien, les concurrents apparaissant tour à tour à l’écran accompagnés de mannequins aux tenues particulièrement affriolantes. Cela nous changeait des traditionnels drapeaux identifiant la provenance de chacun et l’on pouvait à juste titre apprécier cette initiative annonciatrice d’un show brillant.


Les animateurs de la soirée étaient inchangés depuis la ½ finale, le vainqueur de l’an passé, le sémillant Mans Zelmerlow accompagné de la plus célèbre présentatrice de la TV suédoise, Petra Mede. Hormis le fait que le stylisme de cette dernière semblait souvent aux abonnés absents, le duo a fonctionné tout au long de cette campagne eurovisuelle remarquablement tant tous les deux ont eu la capacité de faire davantage qu’animer, mais aussi faire le show. Je pense que dans leur pays comme ailleurs, cette paire talentueuse aura convaincu tout le monde.


18.000 personnes furent annoncés par nos deux commentateurs Marianne Jammes et Stéphane Bern et en effet, l’arêne semblait totalement bondée jusqu’au plafond. Cette ambiance extraordinaire, il faut l’avoir vécue de l’intérieur pour savoir à quel point elle est encore plus folle que ce que l’on ressent devant son propre écran.


Depuis 2013, l’organisateur décide après le tirage au sort des deux parties ( 1ère ou 2ème ) à quel position se situeront les pays en présence. Il eût pour le coup la bonne idée de demander à la petite belge Laura Tesoro de lancer la soirée tant cette jeune fille naturelle a en elle une énergie et un sens du spectacle flagrant mis en exergue par ses qualités de danseuse. DALS semble franchement lui ouvrir les bras ( un cas similaire à Loic Nottet car elle aussi a participé à The Voice ) mais difficilement dans sa version française puisqu’elle n’est pas francophone. Dommage.


Le hongrois Freddie arborait toujours sa tenue de garagiste propre à donner des vapeurs à Marianne quand l’italienne Francesca Michielin, comme pour lui répondre, apparut à la suite dans une salopette un peu trop scintillante pour effectuer des travaux de plomberie. Mais cela devait davantage être en correspondance avec des activités de jardinage au regard de son improbable mise en scène. A moins que le texte en italien ( une des très rares à ne pas avoir eu recours à l’anglais ) explique tant de mystères, le moins que l’on puisse dire est que l’ensemble apparaissait particulièrement abscons pour le tvspectateur lambda.


Vint une des plus belles prestations de la soirée avec un artiste que les russes auraient bien du mal à promouvoir, Hovi Star. Une des révélations de cet Eurovision, une très jolie voix et une capacité dans son interprétation concernée à émouvoir un auditoire. Ce qui n’est pas donné à tout le monde. Certes le look iconoclaste avait de quoi surprendre mais quand le talent est là, cela ne devient qu’anecdotique. Et la présentation de sa chanson était une réussite visuelle.


Autre révélation, la bulgare Poli Genova dont l’énergie et la sympathie qu’elle dégage ne pouvait qu’emporter l’adhésion générale. Surtout quand le titre interprété est particulièrement efficace et que la scénographie est une des 3 plus réussies et plus puissantes de la soirée. On se serait cru dans une discothèque de bord de mer un soir d’été tant la performance donnait des envies de faire la fête. Comme quoi, on peut être un pays qui ne roule pas sur l’or et proposer une présentation riche d’éléments et porteuse. Il suffit juste, sans doute, de le vouloir…


Le jeune suédois Frans interpréta son titre « If I were sorry « qui a été un gros tube en Suède avant comme après sa sélection dans le formidable et exemplaire Melodifestivalen ( dont le fonctionnement a inspiré le nouveau mode de délivrance des points dans cet ESC 2016 ). Mais c’est un morceau que les fans du Concours n’ont guère apprécié quand habituellement les contributions suédoises leur sied à merveille. Sans doute insuffisamment eurovisionnesque pour eux.



On passera rapidement sur la Manga girl allemande qui échoua au final à la dernière place (c’était déjà le cas pour l’Allemagne en 2015 ) et c’était en 11ème position le tour de notre Amir national.

Qu’aurait-on à lui reprocher sur sa performance même si quelques grincheux auront pointé une note finale un peu imprécise ? Il a été d’une énergie incroyable, d’une générosité scénique totale, il a vraiment tout donné durant ces 3 minutes de tension extrême tant la pression devait être pour lui maximale. La France et la délégation française attendaient tellement de lui après ces dernières récentes années de résultats atroces qu’il lui fallait être au top pour ne décevoir personne. Pari largement tenu et la salle lui réserva alors la plus grande clameur depuis le début de la finale. On pouvait de nouveau être fier de sa patrie tricolore ! Le seul point négatif dont lui n’était nullement responsable aura été une scénographie jugée par beaucoup trop faible même si jusqu’au bout la célèbre société HK Corp aura tenté d’y apporter des améliorations. La TV suédoise ne put répondre à toutes les demandes de la délégation mais c’est le cas pour chaque pays. L’Eurovision est une énorme machine et en faire la réalisation est extrêmement complexe. Le pays de diffusion prévoit des plans visuels en amont mais ne peut techniquement exécuter exactement ce que la délégation souhaiterait. Il faut le savoir.


Le polonais plut intensément au public tant la dichotomie entre le vote des jurys et celui du public fût géante. Car passer du tréfonds du classement à la 8ème place grâce au télévoting, voilà qui était bien une chose inespérée. Cela restera cependant un mystère qu’une telle chanson avec un chanteur maniéré au look du cardinal Mazarin ait pu plaire autant aux TVspectateurs au point de le classer 3ème !



Les médias français ne cessent de se demander ce que l’Australie faisait dans le concours mais ils ne doivent pas connaître Wikipédia. Comme en 2015, elle était présente avec pour cette édition Dami Im, une incroyable chanteuse d’origine coréenne gagnante chez elle de X Factor. L’Australie adore le Concours, le diffuse depuis 3 décennies et pour les récompenser on lui ouvre les portes de l’émission qui là-bas est extrêmement suivie. Comme en ½ F, la performance de Dami fût techniquement éblouissante mais sûrement que les allergiques aux vocalistes brailleuses en auront perdu leurs nerfs et leurs deux ouïes ! Elle souleva en revanche l’Ericsson Arena et c’était bien le moins qu’elle pouvait faire.


Le candidat chypriote, connu chez nous puisque ex. de The Voice 5 ( oui, oui, celle de cette année ) au sein de son groupe Minus One assura le show dans une performance qui n’aura pas lésiné quant au mode stroboscopique. Que de lumières, que de projecteurs. Un peu étourdissant pour les regards fragiles.


Il aura fallu patienter jusqu’au 18ème candidat pour voir apparaître à l’écran le grand favori des bookmakers tel qu’ils l’avaient décidé depuis des semaines, le russe Sergei Lazarev. Et ce même si au terme des répétitions et des DF, l’australienne avait effectué une spectaculaire remontée pour lui coller au train.

Il n’est pas surprenant que cette mise en scène très spectaculaire ne soit pas dans les moyens de France Télévisions comme l’a déclaré Mme Nathalie André. Car inclure des effets spéciaux dans une mise en scène de l’Eurovision, c’était plus que certainement une nouveauté. Il devait y avoir eu beaucoup de travail au préalable pour arriver à ce résultat là, parfaitement maitrisé par l’interprète, aussi bien dans la conception de la performance que dans sa faisabilité. Un visuel que certains auront certainement jugé « too much » voire prétentieux mais qui était, il faut le dire, parfaitement pensé pour convaincre le public. Résultat : 1er du télévoting. Comme on l’attendait.


Le letton Justs délivra une solide prestation sur sa chanson « Heartbeat » avant de céder la place à la bouleversante Jamala qui sur sa chanson « 1944 » nous racontait un épisode douloureux de son histoire familiale. Relative à la déportation des Tatars de Crimée par Staline. Une façon aussi pour elle de dénoncer l’annexion de cette enclave par Vladimir Poutine en 2014. Un texte donc éminemment politique. La scénographie était dotée de teintes dorées absolument superbes, le morceau se concluant sur l’apparition d’un arbre de lumière évoquant les racines de Jamala qui sans nul doute possible est une grande interprète ainsi qu’une grande voix.




La petite autrichienne apaisa tout le monde après les bruyants rockers géorgiens et dans sa robe de princesse couleur pêche magnifiée par une scénographie digne d’un univers de cartoons, elle aussi comme prévu souleva la salle de bonheur et de joie. « Loin d’ici » a peut-être un texte naif pour ingénue en fleurs mais elle aura convaincu, au contraire du morceau suédois plus discuté, l’ensemble des fans du Concours présents à Stockholm. Et pas que vu sa place obtenue au télévoting ( 8ème ). L’édition 2016 se termina sur la sculpturale arménienne et son visuel très convaincant.


Ce fût ensuite un peu longuet, avec des séquences disparates diverses et variées ( souvent sur le ton du second degré ) au sein desquelles on incorpora la performance de la star mondiale Justin Timberlake venu présenter là son tout nouveau tube. C’était ainsi la 1ère fois qu’une vedette internationale de cette notoriété là faisait une apparition dans un ESC. Une idée à reconduire en 2017.

Justin Timberlake – Rock Your Body / Can’t Stop... par france2


Le temps était venu pour les votes des jurys. Nul doute qu’au départ on eut quelques sueurs froides concernant Amir mais au fur et à mesure de l’annonce des points par chacun des pays, on s’aperçut qu’il allait très très bien se classer pour terminer à la 3ème place !!! Alléluia, on n’avait plus vu la France aussi haute dans un tableau général depuis des lustres. J’aurais pour ma part signé pour que cela s’arrête là ne sachant trop si le télévoting allait lui permettre de conserver cette très honorable place voire davantage. Il est vrai que l’Australie avait fait un carton plein en dépassant allègrement les 300 points. Les jurys avaient adoré se faire casser les tympans !




On observa tristement qu’Amir fût grandement déçu quand « la France » fût citée en 9ème place. Il est absolument évident que tous les excellents sondages pré-Concours qui l’avaient très souvent placé à la pole position devaient lui faire espérer un bien meilleur classement auprès des TVspectateurs. Oui mais voilà, ce sont plutôt des « fans » qui répondent à ce genre de chose et les fans, ce n’est pas forcément le cadre d’une banque anglaise ni l’ouvrier à la chaîne de Pologne. Donc pas forcément représentatif de ce qui se passera le soir de la finale. Puis on l’a dit, la mise en scène surtout comparée à d’autres manquait trop de détails, de recherche, d’accroche visuel, d’originalité, n’était pas suffisamment « vendeuse » de « J’ai cherché « et sûrement trop fade. On aurait du sur ce point « chercher » mieux ! Et dans ce cas, nul doute qu’Amir aurait dépassé le suédois qui le précédait de quelques misérables points et même mieux encore. 6ème au combiné, cela reste tout de même le meilleur résultat pour la France depuis… 2002 ! Merci à Amir pour son implication, son dévouement, d’avoir cru en la cause de l’Eurovision dans notre pays qui le décrie tant.


Mais pas au point d’un audimat médiocre car l’exploit il faut le dire a été que FR2 a battu la finale de The Voice en PDM en réalisant un nombre quasi identique de TVspectateurs. Un poil moins de 5 M. Mais il faut le noter, + de 30% de responsables des achats ( la ménagère ) ce qui pour cette chaine est absolument énorme ( les variétés de FR2 sont avant tout regardées par des personnes âgées ). Bref, la campagne de promotion formidable autour d’Amir s’avère être une totale réussite. Encore faut-il pour cela un candidat fort, charismatique, qui y croit et qui chante un titre crédible, puissant, tubesque. Ainsi, on parvient à un très bon classement, on vend du CD et on amène des gens jeunes devant la TV un soir de Concours ! Espérons que cette leçon sera définitivement retenue par tous. L’ESC oui peut encore générer des résultats, même chez nous, en terme commercial !



On en oublierait presque de citer la grande gagnante 2016, l’ukrainienne Jamala qui aura battu sur le fil l’australienne Dami ( 2ème ) et surtout, et quel message !, le russe Sergey Lazarev qui semblait tout comme son équipe totalement déconfit tant il devait être persuadé de sa victoire au regard des efforts fournis. Concevoir un tel visuel pour ne finir que 3ème, Poutine qui avait annoncé imprudemment que le Concours suivant aurait lieu dans SA ville de Sochi a dû en être ébahi. Et colère. Il est vrai que la victoire de l’Ukraine et de son artiste engagée semble faire beaucoup de bruit dans ce pays à l’humeur conquérante. Déjà que les russes avaient contesté une telle chanson dans l’édition 2016, sans doute craignaient-ils ce résultat final… 


Les fans iront donc à Kiev dans un an pour éprouver de nouvelles émotions en espérant que la compétition à venir soit d’un aussi bon niveau général que celui de cette année, un excellent crû. Et bien sûr on souhaite puissamment que la France ira en Europe de l’Est avec une contribution apte à nous rapporter encore beaucoup de points puisque oui, c’est encore possible, la preuve est faîte !
Mais succéder au solaire et convaincant Amir ne sera pas du tout mais pas du tout chose facile. Au moins de cela peut-on être d'ores et déjà parfaitement convaincu !
 
LE RECAP DE LA SOIREE



GILLES HEBERT.
 Photo :Thomas Hanses (EBU)

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