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C'EST une histoire que la coqueluche de l'émission de téléréalité « Secret Story » aimerait oublier. En septembre, le tribunal correctionnel de Paris fixera la date d'une audience qui oppose quatre femmes, dont Tatiana, une des finalistes de l'émission de TF 1, à leur ancien producteur de musique. Jean-Michel Tengang, 51 ans, devrait alors être jugé pour « abus de faiblesse », « menaces de mort » et « agressions sexuelles ».
Dans ce sulfureux dossier, la justice a retenu que Tatiana, 25 ans, était la victime présumée d'« abus de faiblesse ».
Les faits remontent aux débuts des années 2000, lorsque le phénomène « Star Academy » a poussé des centaines de jeunes filles à tenter leur chance dans la chanson. Jean-Michel Tengang passe des annonces pour recruter des chanteuses pour le centre de formation Noise of Rose ( NDLR : le bruit de la rose ), l'école qu'il a ouverte à Rouen. « Le concept était particulier, reconnaît aujourd'hui celui que certains présentent comme un gourou. Je voulais créer une ambiance ultra-sexy autour de filles très provocantes pour dénoter dans le milieu trop conventionnel du jazz. »
« La méthode était proche de la manipulation sectaire »
A 18 ans, les élèves de l'école de Jean-Michel Tengang prennent des cours de chant mais posent aussi lassivement, parfois nues, devant l'objectif de leur « professeur ». Retouchées, les photos étaient ensuite diffusées sur des sites Internet censés promouvoir les artistes. Certaines de ces pages Web, dont celle de Tatiana, sont encore accessibles aujourd'hui. Les images sont d'un goût certes discutable, mais la nudité des modèles n'est plus particulièrement visible après les retouches effectuées sur ordinateur. « Le problème, c'est que ces photos étaient diffusées sans l'accord des filles, affirme Sylvie Breton-Lardenoix, avocate de plusieurs parties civiles. La méthode d'enseignement de M. Tengang était proche, selon l'instruction, de la manipulation sectaire. Les élèves étaient mises en forte concurrence, devaient être libérées sexuellement pour devenir des chanteuses crédibles et devaient même avoir eu au moins une relation sexuelle. C'est comme cela qu'elles ont fini par être victimes de M. Tengang. »
Ce dernier aurait ainsi exigé de ses élèves qu'elles soient « déviergées » pour pouvoir ensuite « bouger comme Madonna ». « Une seule fille était vierge à son arrivée chez moi, elle ne pouvait pas jouer la pin-up sans connaître le sexe, mais notre relation intime est venue par la suite et par affinité », proteste le producteur.
« Versements de sommes d'argent importantes »
La dimension sectaire a été retenue par le juge d'instruction qui parle pour les jeunes filles de « sujétion psychologique ou physique », « d'insuffisance de sommeil et de l'alimentation », de « distension voire rupture des liens familiaux et sentimentaux », d'« abandon des études » et de « versements de sommes d'argent importantes ».
L'expert psychiatre qui a examiné Jean-Michel Tengang lors de l'instruction n'a pas diagnostiqué de « manifestation psychopathique », mais souligne que le sujet, « mégalomane », présente des « troubles de la personnalité et de l'affectivité ». « C'est un homme formidable, très cultivé, un stakhanoviste de la création artistique, argue Jean-Marie Viala, son avocat. Cette affaire est née d'un différend commercial entre mon client et ses élèves. L'instruction a été totalement à charge. Jean-Michel Tengang n'a jamais bénéficié de la présomption d'innocence. Poussée à bout, sa femme, qui était également poursuivie, a commis l'irréparable ( NDLR : Thérèse Tengang s'est immolée le 2 septembre 2005 dans le cabinet du juge d'instruction de Rouen, blessant par ailleurs grièvement une greffière ). »
De Tatiana, Jean-Michel Tengang dit aujourd'hui qu'il l'a toujours vue comme une battante. « Elle a semé la même zizanie dans leur loft que dans mon studio, explique-t-il. C'est la dernière des filles à être arrivée chez moi, elle en imposait tellement que cela a déstabilisé les autres, qui sont parties. »
LE PARISIEN 30 AOUT 2007 Julien Dumond
Photo SIPA
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L'ex producteur au tribunal, le parisien du mardi 15 janvier 2008
Le producteur condamné
Un producteur de musique a vu jeudi sa peine plus que doublée par la cour d'appel de Paris, qui l'a condamné à six ans ferme, pour avoir manipulé et agressé sexuellement plusieurs aspirantes chanteuses, dont Tatiana, la finaliste du jeu de téléréalité de TF1 Secret Story.
Le 12 février, le tribunal correctionnel de Paris avait reconnu Jean-Michel Tengang-Bogogam coupable d'"abus de faiblesse", d'"agressions sexuelles" et de "menaces de mort" sur quatre de ses anciennes élèves. A ce titre, il avait été condamné à 5 ans d'emprisonnement, dont 30 mois avec sursis, assortis d'une mise à l'épreuve de 3 ans avec obligation de se soigner. Le quinquagénaire d'origine camerounaise avait fait appel de cette décision. Mal lui en a pris puisque jeudi, la 10e chambre de la cour d'appel l'a condamné à six ans ferme, lui interdisant également d'enseigner dans le domaine du spectacle durant cinq ans. Son nom sera inscrit au fichier des délinquants sexuels et il sera contraint à un suivi socio-judiciaire durant dix ans. Après avoir porté plainte,
Tatiana s'était finalement désistée de son action. Son absence n'a toutefois pas empêché les magistrats d'évoquer sa situation, au même titre que celle des trois autres victimes. Créateur de l'école Noise of Rose à Rouen, M. Tengang-Bogogam y attirait des jeunes filles afin, promettait-il, d'en faire "les meilleures chanteuses du monde". Il se disait l'inventeur d'un nouveau concept, le "jazz sexy". Le problème, avait dénoncé en première instance Me Sylvie Breton-Lardenois, avocate de deux victimes, c'est qu'il est passé "du chant aux photos, des photos habillées aux photos nues, puis aux vidéos et aux attouchements sexuels". Selon un rapport d'expertise versé à l'instruction, "les méthodes sectaires ont toutes été employées dans le cadre de cette école": coupure du milieu familial, thématique sexuelle pour former les élèves, menaces de mort, mise à disponibilité complète de leur vie à leur "gourou".
Devant le tribunal, l'avocat du prévenu, Me Jean-Marie Viala, avait plaidé que ces jeunes femmes avaient été victimes non pas de son client, mais "de la société française" qui ne donne plus qu'une ambition aux jeunes filles: "devenez une star, devenez Tatiana". Selon lui, ce message les avait préparées à "adhérer aux principes d'un homme qui leur promettait d'être star".
AFP
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Il y a : 1 Commentaires | Par : Nico |